ÉDITORIAL
Bilan de rentrée (scolaire)
Le sujet d’aujourd’hui ne vous laissera pas insensible. Si vous passez sur le chemin Eardley entre 8h et 9h du matin, à hauteur de l’école du Village ; si vous avez des enfants ou petits-enfants en âge scolaire ; si vous êtes parent avec une garde partagée, cette rentrée 2020 sera mémorable. Le contexte de la pandémie y aide passablement.
À Aylmer, l’école secondaire Grande-Rivière a déversé 230 élèves surnuméraires à l’école des Tournesols. Au lieu de « jouer dans la cour des grands », les secondaires 1, si impatients de passer au secondaire après six ans de primaire, se retrouvent à la case départ, à l’école des Tournesols. Effet domino : une centaine d’élèves de cette école ont été à leur tour déplacés trois kilomètres plus loin. Sans parler des « portatifs » dans lesquels les élèves de secondaire 4 et 5 de Grande-Rivière sont remisés depuis 3 ans ! Ça fait un peu école au rabais. Toutefois, la situation est plus ancienne que la CoVid-19. Les débordements répétés dans les écoles de la région proviennent principalement du manque de leadership des instances publiques — les municipalités, qui échouent à faire prévaloir leur droit de préemption face aux intérêts privés quand il s’agit d’acquérir des terrains.
Généralement, la rentrée dans les écoles ressemble à l’entrée dans un pénitencier. Nos institutions scolaires sont devenues des milieux carcéraux, tant les règles y sont nombreuses et contraignantes. Dans ma propre école, mes élèves n’ont qu’une période de cours le matin et une l’après-midi, chacune de 2 h 30. Donc deux matières par jour. De plus, les élèves restent toute la matinée dans le même local, y compris pour manger à midi, et à une place assignée dès la rentrée. Les seuls moments où ils peuvent sortir : pour aller aux toilettes les plus proches (après avoir émargé) et au moment de se rendre à leur deuxième période de cours, en début d’après-midi. À part ça, entrée et sortie de l’école par une seule porte désignée ; nettoyage fréquent des mains ; port du masque en tout temps ; nettoyage du matériel scolaire et des chaises, tables, etc. J’avais oublié : quand la moitié des élèves est en classe, l’autre moitié suit le même cours à distance ! Étudier risque donc de devenir rapidement une punition davantage qu’un plaisir dans ces conditions !
Dans notre région, les écoles privées — mais pas tant que ça, au fond, puisqu’elles sont financées à 60 % par nos impôts — semblent parfois avoir pris quelques libertés avec les règlements sanitaires… Ainsi, à Saint-Joseph, certaines classes continuent d’accueillir 30 élèves ! Cependant que, dans les écoles publiques, le personnel est fier et rigoureux dans l’application des gestes barrière… en classe, mais à l’extérieur dans l’école et sur son terrain ? Les fameuses « bulles » éclatent.
Dans l’enseignement supérieur, les cégeps et universités ont opté pour de l’enseignement en monde « non présentiel » dans au moins 90 % de leurs cours. C’est énorme et ce ne sera pas sans conséquence : démotivation, dépression, décrochage, tricherie massive aux évaluations, amoindrissement de la qualité de l’apprentissage — les études le prouvent — et donc dévalorisation des diplômes à moyen terme. Malheureusement, la solution idéale n’existe pas à l’heure actuelle. Alors le bricolage et l’improvisation ont encore de beaux jours…