Chelsea, municipalité la plus vitalisée du Québec sur le plan économique
Tashi Farmilo
L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) publiait en début d’année les résultats de l’indice de vitalité économique des municipalités et des municipalités régionales de comté (MRC) du Québec pour l’année 2022. Cet indice est mis à jour tous les deux ans par l’ISQ pour les besoins du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, qui s’en sert notamment dans la répartition budgétaire des enveloppes destinées au développement local et régional.
L’indice de vitalité économique des territoires permet de mesurer le niveau de vitalité économique de quelque 1 140 municipalités et des 104 MRC que compte le Québec à l’aide de trois indicateurs, soit : le revenu total médian des particuliers de 18 ans et plus, le taux de travailleurs de 25 à 64 ans, et le taux d’accroissement annuel moyen (TAAM) de la population sur cinq ans.
C’est Chelsea, en périphérie de Gatineau, qui présente l’indice de vitalité économique le plus élevé au Québec en 2022. La municipalité de 8 600 habitants se distingue par un revenu total médian des 18 ans et plus parmi les plus élevés du Québec et par une forte croissance démographique au cours de la période 2017-2022. Ses résidents ont déclaré un revenu annuel médian de 79 500 $, ce qui est considérablement plus élevé que la moyenne provinciale de 45 600 $.
Pour sa part, Gatineau se classe au 4e rang des dix plus grandes villes du Québec (100 000 habitants et plus). La ville affiche un revenu médian des particuliers de 52 700 $, un taux d’emploi de 80,7 % et un TAAM de 8,9 pour 1 000. En tant que principal centre urbain de la région, Gatineau possède un vaste marché du travail qui englobe l'administration publique, les technologies, l'éducation et les soins de santé. Sa main-d'œuvre majoritairement bilingue et son emplacement stratégique en tant que ville frontalière entre le Québec et l’Ontario en font une destination de choix pour les nouveaux résidents et les investisseurs.
Or, la région de l’Outaouais continue d’être marquée par un clivage territorial important. Si les municipalités du sud-ouest, qui font partie de la région métropolitaine d’Ottawa-Gatineau, affichent de bons résultats économiques et occupent le haut du classement, celles du nord de la région, plus rurales et éloignées de la capitale fédérale, tirent de l’arrière. Plusieurs de ces régions ont connu une croissance démographique plus lente, voire un déclin, et leurs habitants dépendent davantage des transferts gouvernementaux comme les pensions, l'assurance-emploi et le soutien du revenu.
Le rapport de l'Institut indique que plus de la moitié des municipalités du nord de l'Outaouais se situent dans les deux quintiles les plus faibles en matière de vitalité économique. Parmi les facteurs qui contribuent à cette situation, on peut citer les infrastructures publiques limitées, les longues distances à parcourir vers les principaux marchés du travail, un faible niveau de scolarité et une base économique plus étroite. Bon nombre de ces communautés dépendent d'industries saisonnières ou liées aux ressources naturelles, comme la foresterie, la construction et le tourisme à petite échelle, qui offrent une stabilité limitée et peu de perspectives d'emploi à long terme.
L'émigration, notamment chez les jeunes adultes, continue de façonner le profil démographique du nord de la région. Les inscriptions scolaires ont diminué dans plusieurs municipalités, et les employeurs locaux signalent des difficultés croissantes à attirer et à retenir des travailleurs qualifiés. La population vieillit et les budgets municipaux sont de plus en plus sollicités par la nécessité de maintenir les services essentiels malgré une assiette fiscale en baisse.
L'Outaouais présente donc un contraste interne. Des municipalités comme Chelsea et Cantley figurent parmi les plus performantes du Québec, tandis que d'autres, situées dans la même région administrative, continuent de faire face à d'importantes difficultés économiques. Cette divergence ne reflète pas seulement la géographie; elle souligne des disparités persistantes en matière d'accès aux infrastructures, aux investissements et aux opportunités.
Ce fossé ne semble pas près de se réduire. Sans intervention politique ciblée pour améliorer les services, attirer les investissements et retenir les résidents dans les municipalités du nord, l'écart entre les communautés les plus prospères et les moins prospères de la région risque de continuer de se creuser.
Trad. : MET