Désuétude des infrastructures : plus de 8000 logements non construits en Outaouais

Mélissa Gélinas

Dû au manque de capacité des infrastructures en gestion des eaux potables et usées, plus de 8000 logements ne peuvent être construits dans la région de l’Outaouais.

Selon Nicolas Brisson, directeur général de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec en Outaouais, il y a clairement une négligence à la Ville de Gatineau dans la mise à jour des infrastructures.

« La croissance de la population avait déjà été planifiée à la Ville par un schéma d’aménagement », exprime M. Brisson. « En 2010, il y a eu un rapport d’un comité qui estimait à plus d’un milliard le financement nécessaire au rattrapage en infrastructures ce qui avait donné lieu, en 2012, à l’instauration d’une taxe de 1 % servant à subventionner plusieurs projets tels que les routes, le transport, etc. », poursuit-il. « Mais, où est allé cet argent-là ? »

Bien évidemment, la Ville doit quand même avoir recours au support des autres paliers de gouvernement, mais la redevance de développement qui est l’une des solutions proposées par la mairesse de Gatineau est, selon M. Brisson, inacceptable. « C’est, également, inacceptable pour le gouvernement fédéral qui impose cette taxe comme condition », explique-t-il.

« La Ville de Gatineau a été pendant 10 ans, la municipalité qui a eu la plus lourde charge fiscale moyenne des 10 plus grandes villes du Québec », souligne-t-il.

Par ailleurs, selon les informations de M. Brisson, il y aurait eu, en 2013, un document qui a été produit par la Ville où l’on estimait la nécessité de réinvestir dans les usines de traitements des eaux pour un montant s’élevant à 167 millions de dollars. Quant à la gestion des eaux usées, c’est un montant de plus de 563 millions de dollars, dont 308 millions de dollars pour l’élimination des surverses. « La Ville connaissait déjà bien le problème et savait que ça nécessiterait des investissements », commente-t-il. « De plus, la Ville avait déjà planifié la croissance de la population sur son territoire en le densifiant », continue-t-il.

« Je sais que le compte épargne de la Ville pour les infrastructures prévues au budget est passé de 84 millions à 479 millions de dollars », précise M. Brisson. « Il s’agit de fonds qui n’ont toujours pas été utilisés », ajoute-t-il. « Je me demande si Gatineau fait vraiment les bons choix pour les bonnes priorités. En étant en pleine crise de logement, cela aurait dû être fait, il y a au moins 10 ans. La gestion des eaux potables et l’assainissement des eaux usées sont essentiels puisqu’il s’agit d’un enjeu de santé publique ».