Le chemin d’Aylmer : 175e anniversaire de sa macadamisation en 2025, 2 de 4
Richard M. Bégin
Le chemin Britannia étant de plus en plus achalandé et, par conséquent, en mauvais état, en 1833-1834, Charles Symmes et d’autres propriétaires terriens rencontrèrent le commissaire des chemins, John Chamberlin, pour que les routes soient conformes à ce que stipulait la loi. Le 16 juin 1834, Chamberlin ordonna donc que l’on construise un chemin de 30 pieds de largeur avec 7 ponts à partir du pont Union jusqu’aux limites ouest du canton, soit le chemin Britannia et le chemin Eardley.
Arrivé au début des années 1830, l’Irlandais John Egan, surnommé le « Roi de l’Outaouais », serait l’un des personnages les plus marquants et les plus puissants de l’Outaouais. À une époque, il a été l’un des hommes les plus riches du Canada. Baron du bois comme Symmes et Conroy, il a aussi investi dans des scieries, des glissoirs, des bateaux à vapeur, les premiers chemins de fer, et il s’est très tôt associé à Joseph Aumond. Lorsque les tenanciers d’Aylmer obtiennent la création d’une municipalité indépendante, en 1847, il en devient le premier maire, puis le député du comté d’Ottawa l’année suivante. Et, en ce temps-là, c’était généralement à l’hôtel de Conroy que tout cela se passait, comme en atteste encore aujourd’hui la plaque apposée sur le mur, à l’entrée de l’hôtel, plaque indiquant que s’y tint la première assemblée publique municipale d’Aylmer, le 30 août 1847.
À cette époque, c’étaient essentiellement des calèches, carrioles, charrettes et diligences qui circulaient sur le chemin Britannia, mais, à mesure que croissait Aylmer et que de plus en plus de colons se dirigeaient vers l’ouest, sans oublier le transport de marchandises vers les chantiers forestiers, ce chemin se retrouva à nouveau en piteux état. Aussi, en 1841, le Conseil de la Voirie (présidé par John Egan) pour le District municipal de Sydenham (qui deviendra la municipalité du Canton de Hull en 1845) ne tarda pas à envisager la mise en place d’une compagnie pour macadamiser le chemin Britannia, avec, en contrepartie, un péage. Mais il faudra attendre 1949 pour que le gouvernement modifie deux lois pour autoriser ce type de compagnies privées.
C’est ainsi que, le 14 novembre 1849, eut lieu une assemblée publique des habitants du village d'Aylmer et des environs, à l'hôtel British. Joseph Aumond, appuyé de Robert Conroy, proposa alors la constitution d’une société par actions (la la Bytown & Aylmer Union Turnpike Co.), avec un capital social de 2000 livres sterling (£), réparties en 400 actions de 5 £ chacune. Les administrateurs se réunirent à leur tour pour choisir leur président, John Egan, le secrétaire, Robert Archibald Young, le trésorier, Aimé Lafontaine, et l’ingénieur, James Dyson Slater, de Bytown.
Par la suite, comme il fallait obtenir l'autorisation de la municipalité lorsqu'une route la traversait, il fut décidé, le 10 décembre, que le président de la compagnie présenterait une lettre au conseil municipal d'Aylmer pour obtenir cette autorisation pour macadamiser la partie du chemin d'Aylmer à l'intérieur des limites de la municipalité. Je dois dire que ce fut là une situation assez cocasse. En effet, c’est donc le président John Egan qui, le même jour, présenta au conseil municipal (dont il était le maire !!!) la lettre en question. Autre élément troublant à cette réunion du Conseil le 10 décembre : Robert Conroy avait fait des travaux sur la portion de la rue Principale entre ses deux hôtels, le British et l'Auberge Symmes, et il présenta une facture au Conseil. Une situation un peu embarrassante pour tout le monde. Bref, on attribua à un comité le soin d'évaluer les travaux effectués par Conroy et on demanda parallèlement au secrétaire-trésorier de la municipalité, James Finlayson Taylor, de préparer un règlement pour permettre à la compagnie Bytown & Aylmer Union Turnpike Co. de macadamiser la rue Principale. Puis, on ajourna jusqu'à la semaine suivante. Le 17 décembre, on eut le rapport du comité et le projet de règlement préparé par Taylor. Finalement, la compagnie pourrait macadamiser la rue Principale, mais c'est elle qui paierait la majeure partie de la facture soumise par Conroy qui, rappelons-le, faisait aussi partie du c.a. de la compagnie.