Le chemin d’Aylmer : 175e anniversaire de sa macadamisation en 2025, 4 de 4
Richard M. Bégin
Le coup de grâce viendrait de l’automobile. L'histoire débute lorsque, à la mi-mai 1914, un dénommé A.A. McKay, chauffeur pour W.D. Morris, refuse de payer le montant du péage, sur recommandation du dirigeant de la Ottawa Valley Motor Association, puis recule et renverse la barrière d'Aylmer. Il s'en suit une poursuite de la Bytown and Aylmer Co. contre A.A. McKay et, parallèlement, une demande d'injonction de la Ottawa Valley Motor Association. Le 1er mars 1915, la Cour d'appel établit que les dispositions de la loi en vigueur (datant de 1849 !) ne permettent pas aux propriétaires de chemins sujets aux droits de péage de prélever ces droits lorsqu'il s'agit de véhicules qui ne sont pas tirés par des chevaux ou autres bêtes de somme.
La Bytown & Aylmer Union Turnpike Road Co. ne se laisse pas décourager et, le 19 mai suivant, elle obtient du lieutenant-gouverneur en Conseil une modification à la loi de 1849 pour inclure les véhicules-automobiles, et leur charger « 25 centins » par véhicule (environ 6,60 $ en 2025).
Mais, comme on peut le constater par les états financiers de 1901-1902, les opérations de la compagnie étaient déjà moins rentables : des revenus de 3470 $ en 1901-1902 (130 000 $ en argent de 2025), mais des dépenses de 4400 $ (164 000 $ en 2025).
Le 16 septembre 1920, le gouvernement du Québec se porte acquéreur du chemin d’Aylmer entre Hull et Aylmer, et ça deviendra par la suite la route provinciale 148 jusqu'à la construction du boulevard des Allumettières. De nos jours, c'est une route municipale, relevant de la Ville de Gatineau.
Du côté d'Aylmer, c'est le 6 décembre 1920 que le Conseil a adopté une résolution pour accepter de s'occuper de la partie restante du chemin entre Mountain (Frank-Robinson) et les limites de la ville (Belmont), une fois que le gouvernement du Québec aura acheté à la Bytown & Aylmer Union Turnpike Road Co. cette partie du chemin d'Aylmer et qu'il l'aura réparée et remise en très bonne condition.
La compagnie est finalement dissoute le 23 mars 1921.
Comme en attestent les photos ci-jointes, le chemin d’Aylmer a tout de même conservé son caractère patrimonial et champêtre jusqu’à récemment, sauf pour la partie hulloise du chemin qui a été renommée « boulevard Alexandre-Taché ». Malheureusement, la fusion municipale de 2002 et l’étalement urbain qui s’en est suivi depuis ont fait en sorte que ce chemin jadis magnifique et apaisant, entre le pont Champlain et la rue Belmont, ce chemin historique majeur pour le développement de l’Outaouais, a déjà perdu une grande partie de sa beauté, ainsi que son caractère patrimonial et verdoyant.